Chronologie de l’architecture réunionnaise – 2e partie

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Continuons cette semaine notre chronologie passionnante sur l’architecture réunionnaise (Retrouvez la 1e partie de la Chronologie ici). Pour mémoire, occupée à partir du XVIIe siècle, la Réunion possède une architecture riche, qui a réussi le pari de traverser le temps pour émerveiller aujourd’hui encore. Voici donc la seconde et dernière partie de notre voyage à travers le temps, inspiré du travail d’Anne Mestre, professeur à l’Éducation nationale.

La maison de maître

Signant l’apparition de la varangue : deux types d’influences prédominent dans ce type de construction :

  • L’influence française sur l’architecture réunionnaise, avec un plan rectangulaire, une symétrie des salles autour de la pièce centrale et un toit à quatre pans fortement inclinés,
  • L’influence pondichérienne, avec l’apparition de la varangue. Conçue au départ pour un rôle de protection climatique, la varangue va devenir au XIXe siècle une pièce de vie.

 

La maison de maître d’inspiration néoclassique

A la fin du XVIIIe siècle, le néoclassicisme s’impose dans l’architecture européenne, puis dans les colonies. C’est dans les villes qu’apparaissent les premières maisons néoclassiques. Bâtie au centre de la parcelle, elle est posée sur une terrasse. Sa façade présente une varangue à colonnades inspirée des portiques de l’antiquité gréco-romaine. À l’avant de la maison, on retrouve un jardin d’apparat.

 

 

La maison de maître avec lambrequins

Si le décor néoclassique ennoblit les maisons créoles au XIXe siècle, l’apparition sur les façades à partir des années 1860 des lambrequins constitue l’ultime étape dans l’embellissement des demeures traditionnelles.

 

 

 

Les longères

La main-d’œuvre servile puis engagée vit dans des camps situés à proximité des principales sucreries de la colonie. Ces camps regroupent une population parfois importante, formant de grands villages où se mêlent paillotes, maisons en bois et de longs bâtiments rectangulaires servant de logements : les « longères ». À partir des années 1860-1870, des « longères » désignées aussi sous le nom de « calbanons » apparaissent sur les grandes propriétés sucrières de l’île, pour loger une importante main-d’œuvre bon marché, principalement venue de l’Inde (les engagés). Ces logements sont constitués d’une pièce unique, où toute la famille vit ensemble dans la plus grande promiscuité.

 

Les maisons de villégiature dans les Hauts

Sous l’effet combiné de la mode du thermalisme et de la villégiature de montagne, mais en raison de l’apparition du paludisme à la Réunion, les Hauts de l’île deviennent pour la bourgeoisie créole, à partir du XIXe siècle, un lieu de « changement d’air » durant la saison chaude. Ces maisons sont richement décorées, avec une disposition symétrique des pièces et un jardin d’apparat. La varangue est fermée en raison de la fraicheur du climat des Hauts. Dans les jardins, on trouve des kiosques ou terrasses couvertes de bardeaux et décorées (les guétalis).

 

 

La maison Art Déco créole

Durant les années 1920-1930, la Réunion connaît une nouvelle période de prospérité. De somptueuses demeures créoles apparaissent comme la maison Martin à Saint-André. Le souci de symétrie dans la distribution intérieure des salles est caractéristique de l’architecture créole, souvenir des modèles importés de France au XVIIIe siècle. La façade sur trois niveaux avec son « bow-window » s’inspire quant à elle de l’Art Déco, style alors à la mode en France. Elle est couronnée d’une sorte de belvédère. Tout dans cette demeure n’est que raffinement et élégance, et en fait un chef-d’œuvre de l’architecture créole.

 

Les cases TOMI, SATEC et béton

Pour répondre aux besoins de la population en matière de logements, la case Tomi est lancée dans les années 1960. C’est la première maison à bas coût dont la production est industrialisée. Les Réunionnais accèdent au confort moderne (eau, électricité). Elles sont parfaitement adaptées au climat tropical.

Dans les années 1960-1970, un nouveau matériau est introduit dans la fabrication des logements : le béton. C’est l’ère de la case Satec et de la case béton à étage. Leurs formes sont modernes et représentent aujourd’hui plus de 80 % du patrimoine architectural réunionnais.

 

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